mercredi 16 février 2011

Libéralisme économique et pouvoir syndical

Ce n’est pas d’hier que l’idée d’affaiblir les syndicats est au cœur de la stratégie néo-libérale. Pour les penseurs du nouveau système, le mouvement syndical est le principal obstacle à la libéralisation de l’économie et à la privatisation des services publics.

« Si nous voulons entretenir le moindre espoir d’un retour à une économie de liberté, la question de la restriction du pouvoir syndical est une des plus importantes », Friedrich Hayek 1947, citée dans Le Monde Diplomatique, La feuille de route des libéraux, Pris dans l’étau des privatisations, Serge Halimi, juin 2004, http://www.monde-diplomatique.fr/2004/06/HALIMI/11242

Les attaques de la droite contre les organisations syndicales sont quotidiennes.

Tout d’abord, il y a un anti-syndicalisme primaire qui se complet dans l’injure et la dérision : syndicaleux, moumounes gauchistes, collectivistes, corporatistes, dictateurs, fascistes, etc. Cet anti-syndicalisme sait très bien exploiter le ressentiment de certaines personnes qui se croient lésées par l’action syndicale.

On accuse les syndicats de défendre l’incompétence, la paresse et l’irresponsabilité. On les accuse d’être contre le progrès ou la performance économique des entreprises. Dans cet univers de ressentiment, de haine et de colère, l’accusation est suffisante pour prononcer le verdict. Les preuves, quand on prétend en avoir, n’ont pas besoin d’être très solides pour appuyer la condamnation. Les préjugés ou la généralisation sont des armes de prédilection.

Mais l’anti-syndicalisme peut se présenter sous des formes plus subtiles. On ne s’attaque pas aux organisations elles-mêmes ou aux représentants syndicaux. On s’attaque plutôt à des mécanismes qui permettent une action syndicale efficace. Le cas le plus classique, ce sont les attaques contre la formule Rand. Quoi de plus efficace pour affaiblir une organisation que de la priver de ses ressources financières et éventuellement de ses moyens d’action. Et tout cela sous prétexte de modernisation ou de tentative de rétablir l'équilibre entre des syndicats devenus trop forts et les employeurs démunis.

Dans ce contexte, comment se surprendre des attaques virulentes contre les personnes ou les groupes qui veulent des amendements à l’article 109,1 du Code du travail sur l’interdiction des briseurs de grève (communément appelée la Loi anti-scabs).

Enfin, il y a une tactique qui cherche à réduire la portée de l’action syndicale aux domaines de la négociation. On interdit aux syndicats de faire de l’action socio-politique. On leur reproche d’utiliser les cotisations « forcées » de leurs membres pour intervenir sur des questions d’ordre social ou politique. Comme si les législations du travail ou les législations sociales ainsi que la question des services publics n’avaient aucune incidence sur l’ensemble de la population, donc sur les syndiqués eux-mêmes.

Il faut reconnaître que Friedrich Hayek a encore des émules de nos jours.


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